«Ce n'était pas à une forêt ordinaire
que Chentiru pensait, mais plutôt à la
forêt des poèmes classiques tamouls, au
coeur de laquelle une eau pure comme
le lait se jette en cascade entre des parois
rocheuses où s'accrochent des ruches
sauvages. Elle voulait séjourner dans
une forêt. Une forêt pour laisser derrière
elle les bruits de voitures, de conversations,
de pas, d'appareils ménagers.»
C'est ainsi qu'on entre, par la puissance
du verbe et de l'image, dans l'univers
si singulier d'Ambai. Qui nous mêle
sans crier gare à la destinée de femmes
on ne peut plus habitées - écrivain,
musicienne, éditrice, ou femme au foyer
par accident -, bousculant soudain,
à la faveur d'un geste, d'un départ, d'un
renoncement, leur monde tel qu'il est.
Avec son écriture limpide soudain
balayée par un trait percutant, Ambai
donne au short cut toute l'ampleur du
temps romanesque.