Que faut-il entendre par littérature(s) africaine(s) ? Ne faut-il voir dans cette
notion que les productions écrites des auteurs africains et africanistes ? Ou
faut-il prendre en compte la littérature orale, et si oui comment la définir ?
Ne convient-il pas plutôt d'envisager le pluriel que constituent la somme
et l'interaction des productions à la fois orales et écrites, de les
appréhender comme formes d'expression d'une culture orale qui a subi
l'influence des autres cultures ?
Cet ancrage double de la littérature africaine moderne incite le chercheur à
effectuer un mouvement de va-et-vient constant entre ce qu'on peut
qualifier de sources d'inspiration et les productions littéraires écrites. Les
concepts d'entre-deux ou d'hétéroglossie qui présupposent la prise en
compte de la dimension esthétique de l'interlangue se révèlent
particulièrement éclairants. Le champ de réflexion ainsi défini ne saurait
impliquer exclusivement le texte littéraire : il englobe aussi la pluralité des
discours dans leur confrontation dialogique.
Semen 18 réunit treize contributions suivies d'une postface de J. Chevrier.
Ces contributions - qui émanent de spécialistes chevronnés et de
chercheurs originaires de neuf pays - abordent la problématique des
littératures africaines (Afrique Noire et Maghreb essentiellement) sous des
espèces variées allant de la tradition aux formes les plus contemporaines
de l'orature, en passant par les avatars singuliers des oeuvres et des voix
d'écrivains. Deux ensembles se dessinent, consacrés respectivement aux
rôles décisifs et multiples de l'oralité dans la création littéraire écrite et aux
poétiques de l'oralité dans des contextes historiques et esthétiques
différents.
Le numéro apporte des réponses qui permettent de saisir à la fois la dimension
sociale, idéologique et poétique des discours littéraires africains.