Dans ce livre sur la transmission, l'auteur illustre par des exemples
personnels le rapport existant entre le travail de la cure et celui de
l'écriture lors de l'élaboration d'un héritage traumatique : écrire,
c'est-à-dire traduire au monde, ressenti comme étranger au désastre
familial, l'espace mortifère d'un héritage psychique peut faire partie
intégrante de cette élaboration. Toute publication visant à socialiser
une subjectivité que la cure laisse peu à peu émerger d'un monde
frappé d'invisibilité relance en effet le travail inconscient sur une voie
novatrice en dessinant de nouveaux contours à l'intériorité de l'analysant/écrivant.
Le parcours analytique esquissé ici cherche à témoigner de ce qui
s'est transmis aux descendants des survivants, tous disparus à
présent, du génocide arménien de 1915, nié par l'État turc. Aboutissant
à la réappropriation et à l'amour de cette transmission, il peut
être lu comme un cas clinique intéressant les psychanalystes et les
héritiers de diverses catastrophes historiques. Il montre par ailleurs
combien une telle élaboration est également tributaire du poids des
valeurs démocratiques au sein du pays d'accueil des survivants.