La pléthore des images du monde contemporain est aujourd'hui si
écrasante qu'elle conduit à un conflit des représentations où il est
souvent bien difficile de savoir ce qui relève de la "réalité", du
"documentaire" ou du "document", et ce qui relève du "fictionnel"
et de "l'imaginaire". La confusion est d'autant plus grande que les
interprétations de ces images séparent presque toujours les questions
formelles, artistiques et esthétiques des enjeux éthiques, moraux et
politiques.
Il faut redéfinir les notions de réalité et de fiction, largement remodelées
ces trente dernières années par les technologies, nos pratiques
et nos conceptions, et défendre fortement l'idée que tout n'est pas
simulacre, faux et irréel, et qu'il existe bien un réel ou une réalité qui
demeurent la référence. Et si tout dans la réalité n'est pas fictionnalisable,
on aurait tort de penser que la fiction échapperait par
nature à une relation à la réalité. Les oeuvres de fiction n'ont de sens
que relativement à du non-fictionnel. Il faut alors également combattre
le relativisme actuel qui brouille volontairement les domaines
et mène à une irresponsabilité éthique et sociopolitique.