Ce livre tisse un dialogue entre différentes disciplines littéraires et
artistiques et entre deux domaines, l'un caractérisé par l'écrit, l'autre par
l'image. Réfléchir sur «Le Trait» permet de s'interroger sur les frontières
entre le texte et l'image, entre la trace du pinceau et l'écriture d'une subjectivité.
Le sujet induit une réflexion de fond sur les relations entre la création
littéraire d'une part, et les arts visuels de l'autre. Le point de départ de la
réflexion est constitué par la récurrence chez plusieurs poètes contemporains
de la comparaison entre langue et paysage, ce dernier terme appelant presque
toujours celui de visage.
Tous les articles réunis ici soulignent donc les interrelations qui unissent
poésie et image et qui ont toujours fasciné les écrivains et les peintres. Le
peintre n'est pas le rival du poète mais son double nécessaire, son image
inversée, l'oeuvre littéraire est nourrie d'un apport plastique et pictural. Il y
a chez de nombreux poètes le fantasme d'écrire comme on peindrait, une
sorte d'imitation de l'élan profond de la peinture, tandis que l'autre tentation
du poète réside dans le désir d'assimiler, d'intégrer, de capturer la peinture
dans la poésie et de faire peindre comme on écrirait. Le trait est matière,
signe, écriture et ligne, et cette alliance exige sans doute une réévaluation de
l'axiome d'Horace : «ut pictura poesis» pouvant également se lire «ut poesis
pictura».