Nous avons, aujourd'hui, de plus en plus conscience que notre action modifie notre environnement et notre rapport à autrui. Parallèlement, dans un contexte de crise de valeurs, la recherche de l'efficacité, non comme critère d'adéquation d'un moyen à une fin mais comme finalité en elle-même, et la demande insistante, chez les praticiens de l'Education nationale, chez les acteurs du secteur social et médico-social, de méthodes et de techniques d'intervention, d'enseignement et de formation, justifient, soutient ici Jean-Bernard Paturet, la place centrale que nous devons accorder à la question de l'éthique et de la responsabilité.
L'incivilité à l'école, la crise de l'autorité, la transformation de l'espace familial traditionnel, la perte des repères liée à l'évolution technique et scientifique entraînent instabilité et insécurité. L'éducation ne peut plus imposer ses normes et ses valeurs sans avoir à les expliquer et à les justifier : on est même prêt à penser qu'être autonome consiste à se donner à soi-même ses propres lois !
Par ailleurs, la responsabilité en matière éducative, que nous devons associer à une éthique de l'alliance, comme nous y invite la loi relative à la rénovation de l'action sociale, est donc plus que jamais fondamentale puisqu'elle est synonyme d'engagement, de prise de risque dans un monde qui en a peur, et qu'elle est enfin don de soi jusqu'à l'abandon, car l'éducateur doit en fin de compte faire le deuil de sa propre fonction.