Pendant cinq siècles, la royauté française avait combattu la féodalité et les résistances provinciales. Au XIIe siècle, elle avait vaincu les vassaux du duché de France. Au XIIIe, elle avait triomphé de cette multitude de seigneurs qui étaient les véritables souverains du royaume.
Philippe-Auguste, par les armes et les conquêtes ; Louis IX, par ses lois et par la sainteté de son caractère ; Philippe-le-Bel, par ses institutions et par son despotisme, avaient établi sur des bases solides l'autorité monarchique1 ; ils avaient étendu leur domination de la Lys aux Pyrénées, du Rhône à l'Océan. Dès le XIVe siècle, l'autorité du Roi était reconnue dans toute la France. Mais des branches mêmes de la race capétienne naquit une nouvelle féodalité. Les maisons apanagées de Bourgogne, de Bourbon, d'Anjou, d'Orléans, morcelèrent le royaume. Les chefs de cette aristocratie aimaient tant la France, comme disait l'un d'eux, qu'au lieu d'un royaume ils en eussent voulu six. Pour vaincre cette féodalité apanagée, il fallut l'astuce, l'activité, la politique habile et terrible de Louis XI. Dès la fin du XVe siècle, il n'y avait plus en France qu'un seul souverain. Mais, dans les provinces, subsistait toujours l'opposition de moeurs, de lois, d'institutions. Au commencement du XVIe siècle, la royauté, quoique détournée des affaires intérieures par les guerres d'Italie, s'occupa cependant d'imposer à la France une administration plus homogène.