En France, la qualité de l'eau distribuée au robinet est globalement
conforme aux normes sanitaires de plus en plus exigeantes. La
qualité des ressources en eaux servant à sa production ne cesse, elle,
de se dégrader sous l'effet de pollutions diffuses principalement
d'origine agricole. A défaut d'agir sur la source de la contamination,
les collectivités ont donc fait le choix coûteux du perfectionnement
technique pour distribuer une eau «potable». Pourtant, la Directive
Cadre européenne sur l'Eau de 2000 (2000/60/CE) affirme l'enjeu
de préserver la qualité des ressources en eaux de façon à réduire le
degré de traitement nécessaire à leur consommation (article 7), sous
peine de contentieux communautaire pour les états membres.
L'ouvrage propose une lecture sociologique de ce paradoxe
à travers une approche multi-niveaux de la gouvernance de la
qualité de l'eau potable qui se dessine depuis les années 2000. Six
configurations sont plus particulièrement analysées : les débats
législatifs de la dernière Loi sur l'eau et les milieux aquatiques de
2006, un processus de regroupement des services d'eau potable à
l'échelle départementale dans l'Ariège, un processus de gestion de
crise sanitaire dans les Hautes-Pyrénées, et l'implémentation de trois
dispositifs de protection de la ressource en eau potable (réglementaire,
expérimental et intégré) sur le Bassin Adour-Garonne.