Cet opuscule ne cherche pas à raconter la crise. Il cherche à la comprendre.
Trois questions sont abordées : pourquoi des crises financières ? pourquoi
celle-ci ? pourquoi une telle ampleur ? Pour y répondre, une seule et même
hypothèse : les marchés financiers sont, par nature, instables. Ils ne savent
pas s'autocorriger comme le font les marchés de biens ordinaires. Lorsque
les prix d'actifs s'écartent de l'équilibre, aucune force de rappel ne vient faire
obstacle à leur dérive. Tout au contraire, la concurrence financière pousse
au mimétisme, à la hausse comme à la baisse. Ainsi, il devient possible
de comprendre la mécanique de l'emballement euphorique comme celle de
la panique et du krach.
Cette réflexion a pour originalité de placer au coeur de l'analyse la logique
des prix elle-même et non pas, comme il est fait le plus souvent, la titrisation
et son opacité. Le débat n'est pas seulement académique. Dans un
cas, la régulation souhaitée maintient les marchés financiers au centre de
son dispositif puisqu'elle considère que ce ne sont pas eux qui sont à l'origine
des défaillances mais leur environnement institutionnel. En conséquence,
c'est celui-ci qu'il faut réguler. Dans l'autre cas, la régulation vise à revenir
sur la primauté accordée à la finance de marché. Il s'ensuit deux conceptions
tout à fait distinctes de l'architecture financière à construire.