À l'heure de la dématérialisation vertigineuse d'un nombre croissant d'ouvrages, il y a
urgence à lire et relire - si possible imprimé sur papier - le récit de prise de conscience
d'Isabelle Guyon. Bâti sur le terrain meuble des souvenirs, ce voyage poétique nous
fait toucher du coeur l'importance de cet objet à la fois premier et sensuel, ordinaire et
surprenant, essentiel et culturel, que fut, et qu'est sans doute encore, pour la plupart
d'entre nous, le livre.
L'auteur nous fait aimer les mots, les livres jusqu'à leur pouvoir incalculable de mémoire,
d'évocation, d'évasion, d'identification, de provocation, d'anticipation. Et pour ceux qui
ont eu la chance de connaître l'ivresse de la lecture depuis l'enfance, aborder De Livres
en îles, c'est faire naître l'envie de retourner sur le champ dans son grenier personnel,
dans sa bibliothèque familiale, ou dans ses cartons de jeunesse, là où l'on traversait les
livres comme des rivières avec la soif de l'explorateur, le radeau de l'insouciance, le
goût de l'aventure, l'impatience de la connaissance.
Isabelle Guyon est un écrivain imprégné de lectures et de littérature, capable de
converser dans ses propres rêves avec des auteurs disparus qu'elle considère aujourd'hui
presque comme de vrais amis. Et, comme elle le dit : «Lire c'est aller à la rencontre de
la pensée d'un autre, par la langue, chaque livre nous proposant, en quelque sorte, un
monde en soi, un monde en mots».
Philippe Raimbault