De l'ulcération
Quel est le mal mystérieux qui ronge ce jeune homme, et dont il dépeint les ravages avec une extrême précision ? Maladie du corps ou de l'esprit ? Ou les deux à la fois ? Les hypothèses ont fleuri : la gale, la mélancolie, ou encore la peste, ou la syphilis. Peut-être Politien s'est-il livré à un simple divertissement littéraire, nourri de mythologie et de littérature antique, comme on peut imaginer qu'en écrivaient les poètes de la petite Académie platonicienne réunie chez Marsile Ficin à Careggi, autour de Laurent de Médicis ? Ou encore, souffrant d'une période de disgrâce, essaie-t-il de séduire Laurent par la démonstration d'une virtuosité érudite ? Quoi qu'il en soit, ce poème constitue un document exceptionnel sur les relations entre prince et poète au début de la Renaissance. Et ce n'est pas le moindre charme de ce texte que la virtualité presque infinie de sens, sous-tendue par la richesse de ses images et la complexité de sa composition.