De Marseille en Provence révèle un itinéraire, véritable invitation au
voyage et au rêve éveillé qui colle pour l'essentiel à la configuration
de la Provence historique.
Au départ de Marseille - riche de son histoire, ses espoirs et
ses paradoxes - le lecteur est convié à prolonger la découverte
vers des lieux et des sites tout à la fois lointains et proches de la
grande métropole. Proches, par la durée du trajet, dans la mesure
où les villages, villes et paysages que nous avons élus se trouvent
à environ une heure de voiture de la Canebière, si toutefois nous
faisons audacieusement abstraction des embarras de la cité et des
engorgements routiers ! Souligner cette proximité permet également
de cerner tout un territoire et une zone d'influences, Marseille
exerçant sur les Communautés d'agglomération et les Communautés
de communes voisines un rayonnement tout particulier.
Utilisons un lieu commun pour éclairer ce qui distingue la grande
métropole marseillaise des petits villages de pêcheurs de la
Côte Bleue ou des montagnes proches, sacralisées par des récits
légendaires, magnifiées par les peintres et les écrivains : dépaysement.
Ce terme, convenu s'il en est, prend ici tout son éclat perdu : le
voyageur, à moins d'une heure de Marseille, est habité du sentiment
étrange et souverain d'avoir changé de pays !
Marseille derrière nous, nous passons devant les criques claires de
la Côte Bleue, ouvragées par le vent et la vague, et déjà nous nous
égarons dans cette région enchâssée dans le delta du Rhône, où
mer, terre, ciel s'épousent et se confondent, la Camargue. Vincent
Van Gogh est notre guide en pays arlésien. Le regard plonge vers les
lointains : les crêtes blanches des Alpilles surgissent des sols bruns
plantés de vignes rousses et d'oliviers au feuillage argenté. Plus au nord,
nous dépassons le Luberon brûlé par le soleil puis le Ventoux, parfois
couvert de neige. À un coup d'aile de la Durance, nous flânons dans
la campagne de Giono à la découverte des sentiers de transhumance
parcourus par les derniers bergers. La descente s'effectue à partir
des têtes violines de la Sainte-Victoire, à la rencontre du verdoyant
pays d'Aix. D'une enjambée nous glissons de la rude Sainte-Baume
vers cette Provence mise en mots par Pagnol. Nous terminons au
seuil de Marseille, dans les eaux cristallines d'une Méditerranée
ourlée de calanques fragiles et sauvages.
Ulysse, parti d'Ithaque, sillonna longtemps les mers avant de retrouver,
âgé, son île et sa maison. D'Ithaque à Ithaque ! Notre périple, de
Marseille à Marseille, n'a probablement pas la force dramatique d'une
odyssée. Il nous aura néanmoins permis d'aller à la rencontre d'une
Provence familière et pourtant lointaine dont les mystères s'offrent
en pleine lumière à celui qui prend le temps de la contemplation.