Patrice Lumumba : Sais-tu seulement qui je suis ?
Le gardien : Je sais. ... Mais je ne veux pas savoir...
Patrice Lumumba : Tu sais mais tu ne veux pas savoir ? Tu es sans doute plus sage que moi, mon frère...
Le gardien : Je ne suis pas votre frère ! Je vous l'ai déjà dit !
Patrice Lumumba : Mais nous sommes tous frères. Que tu le veuilles ou non. Frères de misère, frères de combat. Tu ne l'as pas encore compris ? Un grand peuple est un peuple indivisible et fier. Et tu en fais partie, mon frère, tout comme moi. Tout comme ceux qui me prennent pour ennemi aujourd'hui. Les Blancs ont tenté de nous diviser pour mieux régner. Ils font ça depuis toujours. Mais nous ne sommes qu'un. Et je suis venu dire cela.
Le gardien : Vous n'êtes rien venu dire du tout. Rien. Compris ?
Léonie : Elle est où, votre femme, alors, si elle n'est pas morte ? Elle est où ?
Raymond : Pour nos noces d'émeraude, elle a organisé une fête avec tous nos amis. Enfin... c'était surtout ses amis. Moi je n'en ai jamais eu beaucoup...
Léonie : Même pas à l'armée ? Ou dans votre jeunesse ?
Raymond : Des connaissances, des collègues...
Léonie : Et des amis congolais ?
Raymond : Ça ne va pas, non ! Et puis quoi encore ? Des amis nègres...
Congo, 1961. Patrice Lumumba est face à son gardien quelques heures avant son exécution. Le climat est lourd et tendu entre les deux hommes...
Belgique, quelques décennies plus tard. Raymond, ancien colonial, est aux prises avec sa mémoire défaillante et surtout avec la nouvelle garde-malade qui vient de débarquer chez lui sur ordre du médecin.
Tous deux sentent que le temps joue contre eux. Ils entretiennent pourtant l'ultime espoir de trouver le fil qui les mènera à la vérité et à la liberté.
Rapidement, il apparaît évident que secret de famille et secret de l'histoire se recoupent dans les deux drames qui se jouent à huis-clos.
Suspens et humour permettent à cette pièce, tissée fort habilement en mêlant fiction et réalité, d'évoquer l'une des pages douloureuses de la décolonisation.