Début septembre 1958 - début juillet 1960, Henri
Thomas vit aux États-Unis, à Waltham, tout
près de Boston. Il enseigne la littérature française
à l'Université Brandeis. Il noircit, c'est une vieille
habitude, quelques carnets.
Dans Compté, pesé, divisé, publié par lui en 1989,
Thomas cite un passage de De profundis Americoe :
«Le culte du dollar commence très tôt. L'enfant de six
ans (child consumer) est instruit à reconnaître les signes
extérieurs de la richesse, et à les réclamer. Aux yeux de la
plupart des Américains qui sont croyants, Dieu est l'être
le plus riche, lancé par la plus forte publicité.» Il voyait
très bien qu'une idéologie simpliste et le mode de
vie qui lui est consubstantiel allaient submerger le
monde ; il détestait cela...
Le 22 mars 1960, Thomas note : «Pour moi, c'est
toujours l'esprit qui résiste ; tout le reste est pesanteur.»
L'ensemble de l'oeuvre d'Henri Thomas témoigne de
cette résistance et de la fraternelle solitude qui unit,
tout de même, quelques humains.
Paul Martin