De si beaux yeux
Un village du Pays Toy dans les Hautes-Pyrénées, au pied du cirque de Gavarnie et du pic du Midi de Bigorre, dans la seconde moitié du XIXe siècle.
La vie est austère en montagne, alors on s'échine sans trêve, les personnalités sont fortes et les caractères trempés. Les enfants courent la montagne et Thomasin, l'idiot, attrape les grives à la fronde. Les frères se déchirent jusqu'au sang et le curé dit trop de messes. Louise, la rebouteuse, fait son oeuvre de réparation des corps rompus tandis qu'Alphonsine et Germaine lavent le linge des autres et épient dans chaque venelle. Quant à Dominique, le patriarche de la famille la plus en vue du pays, il mène son monde aussi durement que lui-même. Chez lui, auprès de l'âtre qu'elle ne quitte plus guère, sa mère, la vieille Léonie, humilie par plaisir sa bru largement quinquagénaire et conte à la veillée les légendes du temps passé.
Une vie entre soi, dans une vallée difficilement accessible où regarder vivre son voisin peut devenir l'occupation de toute une existence. Alors quand la Petite est attaquée par l'ours, on se presse aux nouvelles avec délectation. On se demande ce qu'elle pouvait bien faire, là-haut, à narguer le fauve. Et lorsque l'on apprend qu'elle est grosse, les bruits n'en finissent plus de courir.