Un jour on découpa la Somme et on la nomma ainsi, Somme, mais bien avant ce jour-là, on avait déjà découpé le temps en fragments pour y voir un peu plus clair mais le temps ne tomba jamais comme il aurait dû, et ce malgré l'appui des nombres qui devaient servir à nous fabriquer de l'éternité mais ne réussirent qu'à nous mener au terme du voyage, et puisqu'on en parle, on voyagea pour la seule mémoire, avec ou sans carnets, avec ou sans photos, avec ou sans pinceaux, car l'homme, depuis le temps qu'il arpentait le monde, trouvait le temps de peindre, de décrire, et de célébrer à date fixe des sommes de petits détails, qui, finalement valaient, si on le décidait, pour le tout, total on passa sur cette terre son temps sinon à régler des comptes, du moins à les faire, vu qu'on on était si peu de choses qu'on fit en sorte que les mots et les nombres nous le rappellent sans cesse, ce qui explique ce temps qu'on mit à réinventer le temps qu'on pensait perdu, ou à l'inverse à le décompter, et aussi à inventer des histoires qui, à un détail près, parlaient toutes de la même chose ou presque, à savoir, qu'en Somme mais partout ailleurs aussi et depuis tout ce temps, à ajouter tant de temps au temps, tout, un beau matin, c'est ainsi, s'efface.