La signification la plus décisive de l'expérience littéraire ngalesque
nous enseigne que l'édification d'un espace littéraire autonome et
déharnaché de toute autre préoccupation qui ne soit interrogation sur
les figures de la littérature ne peut se réaliser que si celle-ci est sémiotiquement
assumée comme telle par des sujets opérateurs d'assomption
dont Viko est l'exemple.
L'oeuvre littéraire de Georges Ngal peut paraître, de ce point de
vue, doublement significative. En première approximation, par cette
prise de position autrement idéologique, elle fonde radicalement une
figure narrative inaugurale dans le champ littéraire africain, qui a fait
varier, de manière substantielle et tout aussi radicale, la figure du narrateur
de l'espace subsaharien de langue française depuis 1975.
En seconde approximation, Ngal serait enclin à exiger une sorte de
rupture épistémologique entre liens établis autour de la littérature, de
l'histoire et de la politique en Afrique. C'est en cela que sa production
littéraire paraît telle une conscience anticipative : de Giambatista Viko
et de L'errance, elle a annoncé, de façon audacieuse, ces formes de
subjectivités intransitives dont se revendiquent aujourd'hui les jeunes
écrivains comme Josué Kossi Efoui, Abdourahman Ali Waberi, Sandrine
Bessora, etc.