Décalage vers le rouge ? L'énigme commence avec le titre. On n'est pas obligé de savoir que ce terme, en astronomie, désigne la preuve de l'expansion continuelle de l'univers.
Dans la pièce, rien ne renvoie directement à son titre. Quatre scènes sans rapport apparent entre elles, où se succèdent cinq personnages hétéroclites : le Dompteur, le Superviseur, l'Hôte, la Rédactrice, la Reine. La pièce, comme l'univers, est en expansion perpétuelle, vertigineuse. Et pleine de trous noirs. Mais cette obscurité ne serait-elle pas un moyen de connaissance, une épreuve initiatique, une façon de se perdre pour tenter de trouver autre chose ? Assister à cette pièce, ou à défaut la lire, c'est une espèce d'exercice spirituel, d'aventure.
En avançant, on se repère peu à peu, on devine des échos entre les divers monologues, des convergences entre les pièces du puzzle. Selon l'auteur, la pièce raconte l'histoire d'une parasitose dans ses divers stades (infection, incubation, éclosion, puis expulsion du parasite). Mais cette interprétation n'en exclut pas d'autres. Un autre thème parcourt la pièce : l'avènement de quelque chose de neuf et d'inconnu. Le personnage de l'Hôte, qui sert de fil conducteur, ne va-t-il pas, au cours de la pièce, subir une sorte de mue ?
Tout cela évidemment ne peut-être que violent, douloureux, répugnant parfois, et beau en même temps. Comme une naissance.