C'est entre deux procès qu'ont été prononcées ou rédigées les déclarations ici recueillies : le procès d'Agen, en février 1998 (on y jugea le sabotage de Nérac où, chez Novartis, l'objectif avait été de «"dénaturer", à l'intérieur d'une usine, des semences transgéniques autorisées par l'Etat, afin d'en empêcher la vente»), et celui qui doit avoir lieu à Montpellier le 8 février 2001. René Riesel est cette fois poursuivi, avec José Bové et Dominique Soullier, pour avoir «volontairement détruit, dégradé ou détérioré une serre de confinernent, du matériel informatique et des plants au préjudice du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD), avec ces circonstances que les faits ont été commis : en réunion, dans un entrepôt, après pénétration par effraction, en état de récidive». Cette destruction de «biens publics» (des riz «expérimentaux» génétiquement manipulés par le CIRAD pour en préparer la propagation dans les pays «en retard de développement») avait été menée, le 5 juin 1999, avec le concours d'une cinquantaine de paysans indiens.
La présente édition des Déclarations est augmentée de deux textes récents qui précisent le sens actuel de l'activité antiindustrielle qu'on qualifie de «luddite» et les raisons de son hostilité aux idéologies néo-étatistes de la «recherche publique». Elle contribuera donc à remettre à leur place ceux qui s'échinent encore à réduire les ambitions de la campagne contre les applications agricoles du génie génétique à la réclamation d'un «contrôle citoyen» et qui vont s'employer, lors du procès de Montpellier, à camoufler la signification de cette destruction de chimères d'Etat.
Ainsi mis à jour, cet ensemble de textes permet en tout cas de comprendre pourquoi d'autres préfèrent affirmer sans détour que la meilleure façon de ne pas se condamner à vouloir en vain contrôler le développement technologique, c'est encore de l'écraser au nid, là où il est encore temps.
(janvier 2001)