C’est à travers le débat qu’il a engagé très tôt avec Husserl et poursuivi tout au long de son œuvre avec Heidegger que Derrida est devenu ce penseur de la « déconstruction », mot qui est aujourd’hui généralement associé à son nom bien qu’il ne désigne pas une méthode, un acte ou une opération, mais un « événement » qui affecte tous les domaines – philosophique, éthique, politique et esthétique. C’est donc ce débat avec Husserl et Heidegger, les deux penseurs qui furent à l’origine de ce « mouvement phénoménologique », qui constitue aujourd’hui encore le courant majeur de la pensée contemporaine et que les textes de ce volume ont tenté de rendre compte. Ils sont eux-mêmes les traces d’une lecture des textes de Derrida commencée très tôt, dès 1962, avec la parution de son premier livre, et poursuivie jusqu’au milieu des années 1980, période pendant laquelle son débat avec Heidegger s’est vu réanimé.