Il existe toujours un décalage entre la découverte d’un nouveau monde et la « saisie » de celui-ci par l’ancien. Souvent les contemporains sont préocupés par des questions plus immédiates, et le récit de la découverte devient anecdote merveilleusement étrange. Jouent alors un rôle décisif pour fixer les images premières la curiosité, la faculté d’observation, la cartographie. Peu à peu s’établit une nouvelle vision du monde. En Europe, à partir de la Renaissance, il en fut ainsi. Mais ce continent, dont le regard sur le monde a changé, s’est aussi transformé du fait des découvertes. Alors, après ses mutations, se reconnaît-elle encore aujourd’hui en face des mondes qu’elle a découverts et qui, de leur côté aussi, l’ont découverte ?