De tout l'oubli. Un oubli complet. Que disparaisse qui peut
se souvenir. Que disparaisse jusqu'à l'oubli. Rien. Qu'enfin
il n'y ait ni ne reste rien. C'est le mieux. Que savoir soit sans
qu'on se souvienne. Qu'on abandonne à la mort l'oubli que
le souvenir a été impuissant à empêcher. Que la mort achève
l'oubli que même le souvenir a commencé.
Défiguration est le récit d'un homme qui cherche moins la
mort - à laquelle il n'a que trop survécu - que, dans la
mort, l'oubli ; l'oubli de cette survivance. Il se trouve que
cet homme est un écrivain et que l'oubli de l'écriture ne
saurait suffire. Il en faudrait encore la disparition. Que
rien n'ait été écrit puisqu'il n'y a rien qu'écrire permette de
connaître de la mort. De la mort en général. De cette mort
en particulier. À laquelle on échappe non pas seulement à
regret mais, selon lui, à tort.