Deir el Nessyan est un échec... Celui du désir trop
présomptueux d'intensifier les nuances, de sortir des
narrations historiques et des mémoires douloureuses
des guerres, pour laisser s'avancer un peu d'oubli telle
une puissance créatrice et un lieu d'anonymat. Un lieu
où l'on peut jouir de la vie, simplement, et où l'on peut
prolonger l'esquive de ce qui inexorablement revient
et impose une place à chacun, dans des intrigues
subies et des croyances fossiles. C'est comme si Deir el
Nessyan était dans les marges blanches, dans l'entre-deux
silencieux des textes poétiques, narratifs, journalistiques
et allégoriques qui composent ce recueil, et
s'entrecroisent en quête d'un «lieu d'intervalles», où
les idiosyncrasies se coupent et se recoupent sans se
figer... Mais, pour un instant seulement... Là-bas,
quelque part vers le Liban...