Le récit débute en 1769 et met en parallèle deux couples : Delphine et François, paysans vivant au village de Crissé dans une famille de laboureurs, et au château voisin, Guyonne et Quentin, proches de la haute noblesse.
Pour un motif futile qui s'aggrave lors de l'Assemblée et du bal annuels, Delphine et François sont en grand désaccord. Furieux, François s'inscrit sur les rôles du régiment de Touraine lors du passage du sergent-recruteur et part à Tours, engagé pour 6 ans. C'est pour lui la découverte de «la ville» alors en plein travaux, et de la construction du Pont de pierre, aujourd'hui pont Wilson, qui va changer l'économie de la cité.
Delphine, désespérée, se retrouve seule. Grâce à la vieille et dynamique grand-tante de son mari, elle est engagée comme femme de chambre de la petite Julie, fille de Guyonne. La jeune femme découvre ainsi la vie au château et côtoie le couple seigneurial chancelant de Guyonne et de Quentin. Jouisseur désargenté, Quentin guigne surtout la fortune de sa femme. Il a quitté Versailles et Paris au moment où monte l'étoile théâtrale de Beaumarchais, possesseur indirect d'une partie de la forêt de Chinon, dont Quentin surveille de loin l'exploitation. Le comte désœuvré fait à Delphine des avances pressantes...
François Amirault, dit «Mirault» et Delphine, personnages centraux du récit, sont les ancêtres de Christiane Meyer. Ils figurent, en plusieurs personnes réunies de façon fictive dans cette histoire, sur les registres paroissiaux de Crissé, aujourd'hui Crissay-sur-Manse, l'un des «plus beaux villages de France». L'auteur a vécu une enfance paysanne, et relate les coutumes de Crissé. Les traditions plus anciennes lui ont été transmises par sa mère, sa grand-mère et des proches. Le parler savoureux de certains personnages est à peu près commun aux régions centre ouest de la France de langue d'oïl, et fut en usage courant jusque dans les années 50.