Nous aurions tort de croire que nos démocraties sont immortelles. Elles sont dangereusement anémiées par le sentiment que nous n'avons plus prise sur les événements, par la montée des extrêmes, les abstentions aux élections, la fracture entre gouvernants et gouvernés.
L'accumulation des richesses économiques et le «tout marché» ne peuvent tenir lieu de projet collectif. Aujourd'hui, le productivisme va de pair avec l'insécurité des salariés, l'aggravation des inégalités et des exclusions. Le type de croissance économique et l'argent fou mettent à mal la cohésion sociale, les mœurs et les bases mêmes du vivre ensemble.
Il serait cependant trop facile de dénoncer les multinationales ou les spéculateurs sans interroger nos attitudes et nos comportements les plus quotidiens, qui renforcent le système.
Une critique radicale de la logique strictement économique dans laquelle nous sommes enfermés peut aller de pair avec l'esquisse d'un autre avenir possible. C'est même la condition pour que de nombreuses actions citoyennes, d'autres façons de produire, de consommer, d'habiter ne se limitent pas à faire de la résistance, mais travaillent ensemble à une «grande transformation». Cela suppose aussi d'autres relations entre les politiques et les militants de la société civile, soucieux du bien commun.