Dans un style proche de celui des fables, avec leurs rois, leurs princesses, leurs monstres imaginaires et leur morale, Mayotte Bollack raconte les dix-neuf pièces du poète tragique Euripide que la tradition ancienne nous a transmises.
L'entreprise de paraphrase est une re-création qui transforme le théâtre en récit. Elle s'inscrit dans le projet de l'auteur lui-même, s'il est vrai qu'Euripide a été reconnu comme un maître indépassable du romanesque ; elle double l'auteur, toujours avec distance, elle l'interprète comme il s'est lui-même interprété.
Nous sommes d'abord captivés par son invention débridée touchant les mythes grecs : la mythologie, c'est lui. Nous nous émerveillons ensuite de sa liberté dans l'usage des formes dramatiques, et de l'équilibre jubilatoire à chaque fois différent entre tragique et comique. Nous sommes saisis enfin par son engagement politique et intellectuel, qui se manifeste dans l'analyse froide des rapports de pouvoir dans la société. L'auteur le plus populaire du monde ancien, sur une scène comme habitée par des masques qui cachent d'invisibles démons, s'adresse à nous.