« La France aux Français » : ce fut l'une des premières mesures mises en oeuvre par le gouvernement de Vichy avec la loi du 22 juillet 1940, qui prévoyait de réviser la naturalisation de tous les Français naturalisés depuis 1927. Plusieurs centaines de milliers de personnes, 1 million peut-être, étaient visées et, même s'ils n'étaient pas cités dans le texte de la loi, les Juifs en premier lieu.
À partir d'une étude d'une ampleur inédite dans les archives, Claire Zalc livre une puissante analyse des effets de cette loi, depuis son application par les magistrats de la commission de révision des naturalisations, les préfets et les maires, jusqu'à ses conséquences pour ceux qui l'ont subie et se sont vu retirer la nationalité française. Au ras de la pratique administrative, elle établit comment se dessinent les visages des « mauvais Français » et comment ceux-ci ont tenté de protester contre l'arbitraire. Elle apporte une nouvelle pièce aux débats historiographiques sur l'antisémitisme de Vichy et son autonomie vis-à-vis des pressions allemandes, mais aussi sur la continuité des pratiques et des personnels entre la IIIe République, Vichy et la IVe République.
Une analyse implacable des mécanismes de la violence d'État et du fonctionnement d'une administration en régime autoritaire.