Moins de dix ans après la dissolution du pacte de Varsovie, trois pays postcommunistes, la Hongrie, la Pologne et la République tchèque, deviennent membres de l'OTAN. Comment expliquer ce passage du statut d'ennemi à celui d'allié ? En analysant la rénovation institutionnelle de l'Alliance atlantique, et plus particulièrement le bricolage institutionnel qui entoure la fabrique d'un processus de négociations, et les usages politiques de l'histoire qui émaillent les relations entre l'OTAN, les pays d'Europe centrale et la Russie, cet ouvrage apporte des clés d'analyse renouvelées sur le premier élargissement post-guerre froide. Il déconstruit de ce fait des étiquettes en montrant que l'atlantisme des pays d'Europe centrale a été une construction politique qui résulte tant de jeux politiques nationaux que des passés douloureux, et montre également que l'OTAN n'a pas été réellement une institution socialisatrice.
Fondé sur un corpus inédit d'entretiens conduits avec des hommes politiques et des diplomates hongrois, polonais et tchèques, ce livre éclaire sous un nouveau jour les dynamiques postcommunistes. À l'heure où la politique d'élargissement de l'OTAN connaît un certain ralentissement, où la dimension libérale de l'Alliance est questionnée par l'autoritarisme de certains membres, et, où la relation entre l'espace euro-atlantique et la Russie est conflictuelle, il est utile de revenir sur la décennie fondamentale des années 1990 qui a façonné le monde d'après-guerre froide et a posé les bases du nouvel ordre européen.