Mo Yan n'est pas et ne se prétend pas un théoricien de
la littérature. Au fil du temps il raconte ses souvenirs et
réfléchit, de façon pragmatique, à son travail. Les quatre
interventions regroupées ici nous montrent l'écrivain à l'oeuvre, qui
puise son inspiration dans ses souvenirs du village, dans son enfance,
dans l'histoire, pour en faire, grâce à l'alambic de l'imagination, un
«modèle» universel, riche de toute l'expérience humaine.
Au cours de deux conférences, données en 2000 aux États-Unis,
Mo Yan livre les clés de sa formation, d'abord ancrée dans une
enfance de misère - «La faim et la solitude sont les atouts de ma
création» -, puis ouverte au monde lorsque des traductions ont
paru, à la fin des années 1970 - «Comment ça va, oncle Faulkner ?».
En 2002, Oe Kenzaburo, Prix Nobel de littérature japonais, vient en
visite dans le village de Mo Yan et les deux hommes ont un long
échange sur leurs débuts, leur métier d'écrivain, et les sources de
leur création. Le livre se clôt sur le mémoire rédigé par Mo Yan
en 1994, «Dépasser le pays natal», texte fondamental qui inscrit
clairement son écriture, son originalité et son universalité dans son
village du Shandong, Gaomi.