Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Charles-Ferdinand Ramuz. Dans le canton de Vaud, une montagne s'éboule, ensevelissant une vingtaine de bergers. Tout le village — ce choeur angoissé de vieillards, de femmes et d'enfants que suscite depuis Eschyle toute catastrophe de ce genre — commente la nouvelle. Après un long mois d'attente, un des bergers disparus réapparaît. Est-ce un miracle, un mirage ? Le survivant leur conte son odyssée souterraine. Moins pour les éclairer que pour briser le sortilège dont son propre coeur est la proie. Puis il finit par retourner sur ses pas pour rejoindre ses compagnons dans ce mystérieux domaine qui leur sert de tombeau. C'est dans "Derborence" plus qu'en toute autre de ses oeuvres que Ramuz se fait le chantre des hommes et de leur accord profond, de tout ce qui en eux s'obstine à ne pas mourir. C'est dans l'évocation des sentiments les plus humbles qu'il atteint à la grandeur.