Venant après un premier volume d'Anthropologie des petites choses (Le Bord de l'Eau, 2015), ce livre propose une cinquantaine d'essais sur les questions les plus diverses (rangées dans un abécédaire) qui analysent les relations entre objets exotiques de l'anthropologie et des faits sociaux proches et familiers. Sur ces petites choses dont la politique, la morale, et même l'idéologie ne s'occupent guère, on peut avancer des réflexions libres, suscitées ici par des expériences de terrain dans le monde arabe, mais aussi par des déplacements dans un Occident plus divers qu'on ne croit.
Car ces considérations intempestives, qui se veulent souvent provocantes, sont le résultat d'une vie d'enquêtes et de réflexions anthropologiques, qui empruntent, comme il est naturel, des détours biographiques et convoquent les références culturelles les plus diverses, cinématographiques notamment. Mais cette démarche débouche quand même sur des considérations plus générales, qui s'inscrivent en faux contre l'idée d'une hiérarchie des civilisations, et même contre celle, largement partagée, que l'on vit dans le meilleur des mondes possibles. Pessimisme scientifique ? Humanisme critique plutôt, que l'anthropologie, selon l'auteur, se doit d'assumer contre les illusions dangereuses de notre temps.