La divergence religieuse s'est trouvée de plus en plus marginalisée dans l'Europe des XVIe et XVIIe siècles, déchirée par les conflits confessionnels. Ceux qui voulaient vivre leur foi autrement que dans les cadres imposés par les Confessions de foi et les Etats modernes en construction finirent par former leurs Eglises, tolérées par certaines autorités et toujours bien distinctes du reste de la population. Mathilde Monge a exhumé des archives de Cologne, aujourd'hui en partie disparues, des trajectoires de vie qui montrent que cette confessionnalisation de fait n'allait pas de soi. Du dialogue avec les inquisiteurs dans leur prison aux suppliques adressées aux autorités, des hésitations spirituelles des simples à la protection assumée que leur accordèrent les autorités locales, la variété des sources mobilisées permet de saisir la complexité des dynamiques de l'exclusion et de l'inclusion, des mécanismes de rejet de son voisin au rythme des persécutions, de la tolérance du quotidien à la Tolération des puissants.