Nous sommes à Creil, dernière station du RER D, à 50 kilomètres de Paris : plus tout était la banlieue, pas encore la campagne. Plutôt une périphérie dont les habitants se sentent « à part », le huis-clos d'une violente casse industrielle et sociale toujours en cours. La chute s'est déroulée en moins de trente ans. L'espace d'une génération a suffi pour en faire l'une des villes les plus pauvres de France.
C'est ce dont témoignent Jean-Michel, qui raconte la fermeture de son usine, José, avec l'arrestation de son premier go-fast, Jessica et ses années ZEP. Nesrine, lui, a voulu parler des métamorphoses de son quartier d'enfance, Billal, du succès de son ONG musulmane, et Mohamed de son potager, son petit coin de paradis...
La journaliste Floriane Louison a enquêté à Creil pendant quatre ans pour Le Parisien. Elle y a suivi la routine du quotidien, comme les événements plus spectaculaires, de « l'affaire du foulard islamique » à l'évasion du braqueur médiatique Redoine Faid. Ainsi, elle a donné la parole à ceux qui ne l'ont jamais et peint avec justesse un lieu trop souvent caricaturé, enclavé derrière des barrières invisibles, et qui reste finalement inconnu.