Des impatientes
C'est un lycée de banlieue comme il y a en beaucoup autour de Paris, un lycée « difficile », selon le journal télévisé... Territoire républicain coincé entre la quatre-voies, le terrain de foot et le commissariat. Tous les jours ils sont plusieurs centaines à converger vers son portail trop petit. Milliers de pieds dans des baskets ou des ballerines identiques achetées chez le Chinois. Des crêtes, des franges, des cheveux bouclés, crépus ou lissés. Des diamants ou des créoles aux oreilles. Des sacs à dos ou des sacs à main. Des belles maquillées et des bouffons, des gamins boutonneux, des grands costauds qui font déjà hommes. Des L, des S, des STG mercatique, des STI... C'est ici que commence l'histoire d'Alima-Nadine Sissoko et Bintou Masinka. La bonne élève et la grande gueule. L'une rêve d'intégrer Sciences Po et l'autre est abonnée aux sanctions et aux boîtes de nuit. Chacune avec de l'énergie à revendre, à dépenser, à affirmer. Les impatientes, ce sont elles deux.