Des lieux en commun
Une ethnographie des rassemblements publics en Chine
En Chine, l'action collective est considérée comme une menace pour la stabilité sociale. On s'y rassemble pourtant, au quotidien et de façon régulière, dans des parcs, des lieux de culte ou sur des places pour accomplir ensemble une variété d'activités. L'enquête ethnographique menée dans la ville de Tianjin s'est intéressée à deux rassemblements publics : celui de la place de la Victoire pour la pratique d'exercices physiques ; celui de l'équipe des volontaires pour la protection du patrimoine architectural. Faiblement institutionnalisés et fragiles, ces deux types de rassemblement rendent cependant possibles l'action avec autrui, le partage des inquiétudes et des doutes, la consolidation de critères d'évaluation ou de savoirs pratiques. Dès lors qu'ils sont saisis comme des lieux de mise en forme de la coexistence entre concitoyens, des lieux qui ébranlent les cloisonnements et les hiérarchies officielles, ces rassemblements possèdent une dimension politique et reconfigurent le sens des engagements publics dans la Chine d'aujourd'hui.