Comment apprendre à penser avec des machines qui ne pensent pas ? L'intelligence artificielle des automates, sur ses deux pattes logico-sensibles, peut-elle marcher du même pas que l'intelligence naturelle des hommes, sur ses quatre pattes bio-psycho-socio-éthiques ?
Les Technologies de l'Information et de la Communication (TIC) sont d'abord des «technologies intellectuelles» et des «machines à représenter». Elles ne traitent plus la matière ni l'énergie, mais le calcul, les connaissances et le raisonnement, la perception et l'action.
Camescopes et ordinateurs, CD Roms et réseaux viennent ainsi défier l'éducation directement sur son terrain, celui de la formation intellectuelle. Les modèles de rationalité qui inspirent leur conception et leurs pratiques sont souvent extrêmement pauvres et réducteurs. Mais ils gardent leur séduction, malgré leurs échecs répétés, parce que leurs solutions paraissent simples et dispensent de réfléchir.
Pourtant, apprendre reste une activité humaine d'auto-transformation complexe dont la rationalité, incarnée dans un corps, est d'un tout autre ordre que celle des machines. Elle engage l'individu tout entier et oppose des démentis persistants aux rêves d'automatisation totale.
Comment dépasser cet antagonisme ? Comment repenser les relations entre hommes et machines pour faire des TIC de véritables médiateurs de connaissance ? Telle est la réflexion proposée.
Une importante Postface accompagnée d'une bibliographie offre une mise à jour sur l'évolution, entre 1990 et 1996, des techniques et des questions en ce domaine.