Des monuments historiques et littéraires vus par un journaliste du XIXe siècle
Félix Pyat fait partie de la génération politique et littéraire qui, issue de la Révolution de Juillet 1830, renversa Charles X, le dernier roi de « droit divin » ayant été sacré à Reims. Après des études à Bourges, il participe aux barricades des
Écoles du Quartier Latin à Paris. Il a vingt ans !
Ses parents voulaient qu'il embrasse une carrière d'avocat, mais, passionné de théâtre avec la vogue du mélodrame sur le Boulevard dit « du Crime », il écrit ses premières pièces tout en se consacrant au journalisme. Il publie plusieurs articles
sur des sujets divers et variés touchant aux arts et à la politique. Ainsi, il se fait remarquer par une série de quatre feuilletons rédigés pour le journal La Presse en 1836 : il traite des châteaux royaux tels ceux de Versailles, Fontainebleau, Saint-
Germain-en-Laye et Vincennes, choisis parmi les symboles renommés, à savoir les monuments historiques de la monarchie absolue d'avant 1789.
À cet égard, le règne de Louis XIV et le château de Versailles sont les incarnations typiques de l'Ancien Régime mis en cause par une jeunesse peinte avec ses bousingots (chapeaux étudiants) sur le célèbre tableau allégorique d'Eugène Delacroix : La Liberté guidant Le peuple. En février 1848, Pyat participe à l'instauration de la République. Il n'a pas encore quarante ans !
Mais, après une proscription de 30 ans, due à ses engagements politiques (en particulier sa lutte lors du siège de la capitale et sa participation à la Commune de Paris en 1871), Pyat renoue avec le souvenir d'anciennes connaissances, devenues, au fil du temps, des monuments littéraires. Il fait alors publier, en 1888, des souvenirs sur Eugène Sue et George Sand qui apportent des ultimes éclairages sur son panthéon personnel et le 19e siècle. Surnommé le « Vétéran de la Démocratie » en raison de son dévouement à la cause républicaine, Pyat est élu à Marseille contre le général Boulanger, en 1888, et siège à la Chambre des Députés jusqu'à sa mort dans sa maison de Saint-Gratien.