Les souterrains, connus pour ressurgir inopinément à la faveur d'un effondrement, sont également les témoins d'un passé lointain. Ce ne sont ni de simples caves ni de larges galeries d'extraction, mais une catégorie de cavités bien à part. On en recense aujourd'hui au moins mille six cents parmi des milliers d'autres, non encore découverts ou disparus à jamais. Au milieu du XVIIIe siècle, ces ouvrages insolites excitent la curiosité de quelques savants. Dès le siècle suivant, une poignée d'érudits montrent que la plupart d'entre eux sont en réalité des souterrains- refuges creusés par les populations rurales pour se protéger lors des périodes d'insécurité. Certains de ces pionniers insistent sur l'ingéniosité de leurs concepteurs et s'étonnent de la qualité de cette architecture creusée. Mais, près de deux cents ans plus tard, les souterrains-refuges restent méconnus, comme si ces monuments exceptionnels souffraient de leur qualité première : la discrétion.
Après des années passées à les visiter, les étudier et les comparer dans différentes régions françaises et dans d'autres pays Jérôme et Laurent Triolet leur ont consacré une première étude globale en 1995. Depuis ce travail, la littérature relative aux souterrains s'est considérablement enrichie. Avec l'apport de nouveaux textes anciens, de synthèses régionales, de monographies, d'échanges avec d'autres chercheurs et de nombreux rapports de fouilles, ils abordent aujourd'hui la question des souterrains-refuges en France avec davantage de profondeur, une meilleure vision d'ensemble du phénomène et de nouvelles questions. S'intéresser également aux souterrains-refuges dans le monde conduit à considérer ceux existant en France comme l'expression d'un phénomène encore plus étendu, qui concerne diverses époques et continents. Cet ouvrage inédit permet de mieux mesurer la valeur patrimoniale de ces monuments cachés.