Conservatoires du patrimoine,
garants de la mémoire, refuges du
Beau, les musées relèvent a priori
d'une autre branche de l'activité
humaine que la guerre, et plus
généralement que l'exercice de la
violence...
Et pourtant... On s'est bien gardé jusqu'à présent de trop creuser la
question, mais ce livre le montre, le musée et la guerre ont fait couple
plus souvent qu'à leur tour. Si, de la Campagne d'Italie de 1796 à la
récente guerre d'Irak, le musée est trop souvent la victime impuissante
de faits de guerre, les situations ne manquent pas non plus où il
«s'adapte» un peu trop bien.
La convoitise du collectionneur prend le pas sur la responsabilité du
conservateur : plus de guerre chez les uns, plus de musée chez les autres...
L'impérialisme, le nationalisme, l'idéologie, le manque d'humanité ou la
simple ignorance des torts commis aux individus ou aux peuples spoliés
se révèlent d'excellents agents muséaux...
Retour sur une histoire où rodent encore le fantôme de Göring et quelques
autres qu'on eût pu croire plus fréquentables, ce livre érudit, captivant
et salubre analyse toutes les pièces du dossier : dégâts directs et indirects,
saisies, commerce et trafic illicite, restitutions, etc.
Fondamentalement honnête, il n'obéit à aucune logique d'imprécation.
L'anime plutôt le soupçon que l'idéal qui a donné naissance aux premiers
musées doit connaître une relance, au service du patrimoine mondial et
de l'homme universel.