Amorcée par le sommet de Rio de 1992, la traduction du développement durable dans les politiques publiques est, 20 ans après, remise en question. Dans la pratique, les politiques élaborées par les décideurs et les experts ont engendré une situation paradoxale : le développement durable est perçu comme un instrument de domination du « Nord » sur le « Sud », des puissants sur les défavorisés. Introduire la notion de territoire permet de renverser la perspective, d'ouvrir la réflexion sur les interactions possibles entre les habitants et les conditions changeantes, adaptables de leur environnement.
L'Amazonie a été pour les auteurs un formidable laboratoire : grande hétérogénéité des sociétés locales souvent organisées en associations et syndicats, institutionnalisation du développement durable à travers les politiques territoriales, blocage des projets de développement territorial, en sont les quelques traits caractéristiques. Les auteurs y analysent les relations complexes entre territoire, développement durable et modernité et font ressortir les conditions de l'appropriation du développement durable par les autorités et par les populations. Puis, s'appuyant sur l'exemple des agriculteurs familiaux et les populations dites « traditionnelles », ils mesurent leur degré d'autonomisation vis-à-vis de l'État souverain.
Tous ceux, chercheurs, universitaires mais aussi décideurs, représentants d'ONG, qui souhaitent approfondir les effets de l'impact du développement durable au travers des politiques locales trouveront dans cet ouvrage une matière riche à une réflexion qui s'appuie sur un territoire dont les enjeux mêlent des dimensions nationales et internationales.