Existe-t-il des points communs entre les rapports à l'écrit de femmes migrantes qu'elles soient écrivaines ou inscrites à des cours d'alphabétisation ? C'est à travers de remarquables histoires de vie de femmes hispanophones vivant en France au XXIe siècle que cet ouvrage propose de répondre à cette question. Récits oraux, littérature et écrits ordinaires se croisent, tentant de rompre avec les cloisonnements habituels entre personnes lettrées et non lettrées. Au-delà des catégorisations qui leur sont associées, ils mettent en tension, pratiques d'écritures avérées et déclarations parfois contradictoires de leurs auteures. L'enquête ethnographique se focalise sur ce qui sera dénommé « auteurisation » - capacité visible d'écrire (être auteure) et celle du pouvoir d'agir (s'autoriser)- et interroge le doute déclaré ou sous-jacent concernant le pouvoir/savoir écrire. Les parcours d'écritures sont exposés au fil de situations biographiques variées qui résonnent singulièrement entre elles (des relations amoureuses à la liste de courses). Ainsi le récit inédit d'une réfugiée espagnole, ayant appris à lire et écrire tardivement trouve un écho surprenant avec des expériences de migrations plus contemporaines. Inclus : le récit inédit d'Isabel Gille, Une Andalouse en Bourgogne.