Quand des sociétés avancées rencontrent le mouvement permanent des hommes, des marchandises et des échanges, comment peuvent-elles connaître une stabilité suffisante ? A cette question caractéristique de la mondialisation, le sociologue Renaud Sainsaulieu apporte les leçons de trente années consacrées à la recherche sur les entreprises privées et publiques, ainsi que sur les administrations et les secteurs associatifs.
Prenant appui sur l'extraordinaire succès du phénomène organisationnel tout au long de périodes de croissance et de crises, il défend la thèse qu'au niveau des organismes intermédiaires, entre l'Etat et la famille ou l'éducation, les sociétés en mouvement doivent développer de nouvelles légitimités institutionnelles. C'est en effet dans les milieux productifs que les individus salariés et bénévoles, dirigeants et professionnels élaborent des réponses appropriées aux nouvelles donnes de l'économie de la culture et de la politique.
A ce niveau intermédiaire de la régulation sociale, entre les pouvoirs du politique et les normes de l'éducatif, les acteurs des institutions productives relèvent le véritable défi de la démocratie des sociétés en mouvement : faire que les praticiens du changement soient reconnus comme participants légitimes à l'invention des règles de la société à venir.