Alors que le monde se fait petit et notre présent étroit et
aride, la parabole de Charles de Foucauld (1858-1916)
indique une trace : sortir des chemins ordinaires, se
perdre, non pour l'ailleurs mais pour l'intérieur.
De ses longues années dans le désert (1901-1916),
Charles de Foucauld apprend que nous sommes notre
propre limite. À travers le sable, le vent, les couleurs des
horizons, l'écho infini des nuits, il enregistre les voix
de tout ce qui ne connaît pas de frontières : l'amour,
la mémoire, le désir, le chant. Les Touaregs nomades
sont son trésor : des pas, des manteaux, des caravanes,
quelque halte, des solitudes. Lorsque éclate la guerre,
il a presque conclu son oeuvre cyclopéenne : se faire la
mémoire d'un peuple.
Ce choix d'entrées essentielles de son Dictionnaire
touareg-français est comme une invitation au désert.