«A moins que je n'y renonce totalement», a dit Elfriede Jelinek, «je voudrais faire un autre théâtre : je fuis le théâtre qui m'a jusqu'à présent dégoûtée et voudrais le voir me suivre.»
Les divers textes que réunit ce volume ont vu le jour ces dernières années. Ils n'ont rien d'une structure dramatique habituelle. Des dramuscules sans rôles, sans dialogues ou simplement des textes. Mais ces textes sont représentatifs de l'idée qu'elle se fait du théâtre et du monde. Prenons Lui, pas comme lui, créé au festival de Salzbourg et accueilli avec enthousiasme par la critique : c'est à juste titre qu'on a défini ce texte comme un parler anonyme, pseudonyme qui traverse un espace vide de résonance. Au centre, le personnage de l'auteur Robert Walser qui, derrière les murs de l'asile psychiatrique de Herisau en Suisse, de 1933 jusqu'à sa mort en 1956, n'a plus écrit une seule ligne. Un poète fini qui faisait passionnément des randonnées le dimanche.
C'est un antithéâtre mais celui-ci n'a pas la moindre parenté avec ce qu'on entend habituellement par ce terme. Sauf en ce qui concerne le renoncement à l'illusion : toute illusion théâtrale est balayée au profit d'une quête de véracité poétique.