La loi française doit-elle reconnaître qu’il est possible d’être homosexuel et parent ? Si le débat sur le mariage gay focalise l’attention, les questions posées par l’existence de 200 à 300 000 enfants vivant aujourd’hui avec des parents homosexuels restent encore tabou. Comment les ignorer plus longtemps ?
Dans cet esprit, une avocate, Clélia Richard, et un juge, Serge Portelli, sont partis à la rencontre de parents homosexuels. Leurs témoignages, longuement recueillis dans ce livre, révèlent la grande diversité de leurs situations et la profondeur de leur désir de familles. Ils ne revendiquent pas un droit à l’enfant comme on voudrait un objet, mais la possibilité de créer avec leurs enfants une communauté familiale qui ne soit pas rétrécie au seul lien biologique. Est-il normal par exemple qu’au décès de sa compagne, mère biologique des enfants qu’elles ont éduqués ensemble, une femme se voit enlever ces derniers sous prétexte qu’elle n’a aucun lien de parenté légal avec eux ?
Tout en donnant largement la parole à ces couples homosexuels et à leurs enfants, adolescents ou déjà adultes, cet ouvrage met également en perspective les positions des partisans et adversaires de l’homoparentalité : théologiens, psychanalystes, juristes, politiques... Il ressort de ce panorama élargi à l’Europe une situation française extrêmement discriminatoire à l’égard d’hommes et de femmes qui incluent le désir d’enfants dans leur choix de vie avec une personne de même sexe. Une question parcourt ce livre qui défait bon nombre d’idées reçues. Elle est adressée à tous quelle que soit son orientation sexuelle : qu’est-ce qu’être parent ?
Serge Portelli est magistrat, vice ‐ président au tribunal de grande instance de Paris. Il a enseigné à Sciences Po Paris sur le droit de la famille. Il a écrit plusieurs ouvrages sur le droit, la justice et la politique dont Juger (Éditions de l’Atelier, 2011).
Clélia Richard est avocate au barreau de Paris, et exerce principalement son activité en droit de la famille. Elle est également adhérente de l’APGL (Association des Parents et futurs parents gays et lesbiens), au sein de laquelle elle copilote la commission juridique.