Les diverses théories du dessin ont donné fermeté et étanchéité aux surfaces, l'y ont emprisonné, aussi bien dans la conception du monde des choses (que le dessin consoliderait) que dans celle des représentations (que le dessin transporterait) ; elles ont enferré le mode vérificatoire jusque dans ce qui, par dessiner, peut nous en libérer. Elles ont à leur façon rendu le monde impraticable : que pourrait bien dessiner si regarder bat la mesure d'une partition de la connaissance ?
La dernière chose au monde dont un dessinateur pourrait bien avoir besoin est sans doute une théorie du dessin ; pourtant, me voici embarqué dans la rédaction de l'une d'elles. Son caractère absurde l'accule à la plus grande modestie : tenter, pas à pas, de désenclaver le dessin des théories qui l'assignent à d'autres fins que lui-même pour commencer, enfin, à dessiner.