En 1976, comme si elle sentait l'urgence de transmettre son savoir de praticienne de l'enfance, Françoise Dolto décide d'arrêter ses consultations privées pour se consacrer à la prévention à la formation de psychanalystes et à l'écoute d'enfants recueillis en pouponnière.
Depuis des années déjà, en véritable «militante de l'inconscient», elle acceptait d'intervenir dans les crèches, les écoles, les institutions psycho-éducatives, partout où le message humain de la psychanalyse pouvait contribuer à servir la cause des enfants.
Destins d'enfants nous laisse entendre Françoise Dolto dans deux temps torts de cette transmission, lors d'une conférence devant un public de travailleurs sociaux, et dans de longs entretiens avec Nazir Hamad, psychologue dans le cadre de l'Aide Sociale à l'Enfance, dont elle accompagne la réflexion sur l'adoption et les enfants placés dans des familles d'accueil nourricières ou adoptives.
Françoise Dolto aborde ici les thèmes essentiels des limites des rôles respectifs de chaque intervenant auprès des enfants et de leur famille, des limites du pouvoir de l'adulte sur les enfants, de la nécessité des castrations symboliques, et du rôle du désir dans la dynamique du sujet. C'est dans un rapport dialectique avec ceux-là mêmes qui, engagés dans le travail social, ont la tâche de donner à ces enfants en souffrance un milieu tutélaire qui les soutienne à vivre dans le respect de leur histoire que Françoise Dolto élabore une véritable éthique du travail social, et au delà une éthique du désir.