Detroit, 1968. En dépit des belles intentions de la gauche
libérale, les conditions de vie, de travail et d'éducation
étaient si rudes pour les noirs que la Ligue des travailleurs
noirs révolutionnaires trouva un public tout acquis. La ville
s'enlaidissait toujours davantage, au physique comme au
moral. Elle détenait le record national de violence. Celle qui
s'était autoproclamée «l'arsenal de la démocratie» durant
la Seconde Guerre mondiale était surnommée dans les
journaux «Murder City, USA». Encore et encore, alors que
les politiques libérales échouaient dans les écoles, les
usines et la rue, la réalité que les noirs et leurs alliés
avaient à affronter, c'étaient les revolvers et les matraques
de la police.
Créée par des ouvriers noirs de l'industrie automobile, la Ligue
des travailleurs noirs révolutionnaires a réuni dans la lutte
noirs et blancs, ouvriers et intellectuels, hommes et femmes.
Son ancrage à Detroit, incarnation par excellence de la faillite
du capitalisme industriel et de l'abandon de toute une population
par les élites politiques et économiques, en fait un
exemple unique d'expérience de résistance syndicale, politique
et culturelle. Pour l'historien Manning Marable, biographe de
Malcolm X, plus encore que les organisations de lutte pour les
droits civiques ou que le Black Panther Party, la Ligue est
«l'expression la plus marquante de la pensée noire d'extrême
gauche et de l'activisme des années 1960».
Devenu un classique aux États-Unis, ce livre est le premier
à paraître sur ce sujet en français.