Difficile aujourd'hui de ne pas croiser des incantations à un « développement durable ». Si l'enjeu est effectivement pris dans une abondance de discours, il apparaît aussi de plus en plus nécessaire de s'intéresser à ses prolongements, aux effets pratiques qui commencent à devenir visibles, notamment dans les activités de gouvernement.
Au-delà de l'analyse de la notion et des rhétoriques qui s'en réclament, ce livre propose de passer à un autre stade de la réflexion : il vise à questionner la possibilité d'un basculement historique, sous l'effet de transformations, de reconfigurations, d'ajustements qui semblent s'accumuler dans l'ordre institutionnel et gouvernemental.
L'objectif de « développement durable » signalerait-il l'entrée dans un nouveau moment de l'histoire collective ? L'évolution en jeu peut en effet toucher le coeur des institutions contemporaines, précisément dans leur rapport au changement et à la manière de le prendre en charge collectivement. Puisque le nouveau grand dessein commun semble désormais de promouvoir et de poursuivre un changement profond et général, le travail à entreprendre se doit d'examiner les conditions de cette transition de plus en plus souvent invoquée, notamment dans ce qu'elle peut induire comme transformations des modes de gouvernement et de régulation des activités humaines.