Devenir infirmière en France, une histoire atlantique ?
(1854-1938)
La professionnalisation des soins infirmiers français a eu une importante dimension atlantique, doublement atlantique même car nous avons relevé des courants d'influence successifs dans deux directions principales (de la Grande-Bretagne vers les États-Unis et des États-Unis vers la France) sans négliger un courant transmanche, de l'Angleterre vers la France. Ces courants se sont exprimés de la guerre de Crimée à la veille de la Seconde Guerre mondiale et ont laissé des traces. L'influence anglo-américaine a largement ouvert tous les champs du possible, poussant Françaises et Français à affronter les vraies questions : celle de l'excellence possible des soins et celle, parallèle, de l'invention et de l'organisation d'une profession féminine de haut niveau.
Nous avons mis plusieurs phénomènes au jour : la féminisation quasi absolue du transfert culturel, sa chronologie, l'asymétrie entre les pays émetteurs (Grande-Bretagne et États-Unis) et le pays récepteur (France), les motivations et le rôle des acteurs sociaux, les nombreux processus de cheminement d'un pays à l'autre (départ, passage), les mécanismes de réception et d'enracinement. Enfin, nous avons analysé le résultat final, d'où d'importants développements sur la situation française dans laquelle se dilue finalement le courant anglo-américain.
À l'intersection de plusieurs histoires nationales, cet ouvrage s'inscrit dans l'histoire des femmes, des religions, de la réforme sociale et de la santé publique de chacun des pays concernés, histoires toutes décentrées dans une perspective atlantique, ce qui est un point de vue original pour les contemporanéistes. Plus généralement encore, on peut dire que ce sujet appartient à l'histoire sociale et culturelle des relations internationales contemporaines.